Livre d’artiste

   «  Se défaire de la primauté du voir pour le combiner avec le toucher, l’odorat, le rugueux et le sensible. Partir en forêt ou quelque part éloigné des champs labourés pour retrouver la diversité des fibres, des glaises. 

Redécouvrir la marée des ocres, celles des terres, refaire front avec des nuances. Retrouver l’espace-air et sa couche, celle dans laquelle on s’enveloppe de feutre, de lin, de terre cuite ou sèche. 

Renvoyer la géométrie à ses livres, faire descendre les idées par nos veines, les faire vivre quelques temps encastrés dans des cellules de peau puis se rendre compte que rien n’est pur, tout est assemblage. Alors la laine se courbe pour accueillir des feuillages et des lames de terre. Des bribes de piques et de poils s’encastrent dans la terre cuite pour faire front comme sur le dos d’un animal. Le nœud et le nid s’épousent.

La terre se perfore de petits trous pour combiner son bol d’être à une couverture tressée. Partout une tige promet une suite à la forme qui la vue naître. Nous sommes au cœur des sculptures et des livres d’Adeline Contreras. Elle pense au livre de l’insecte et à la tanière de la fouine, ses matériaux construisent ensemble des symphonies de chaud et de froid, des surfaces auxquelles répondent racines et crins. 

Alors grâce à Adeline Contreras les vers de terre qui ont depuis longtemps englouti Thoreau peuvent se réjouir. L’humain parfois brûle les clôtures pour faire pousser les forêts. L’époque contemporaine a des poètes qui répondent à cette citation : «  Serait un poète celui qui pourrait enrôler vents et rivières à son service afin qu’ils parlent pour lui ». 

C’est le monde qui parle, l’humain se tait, il co-crée.»

Laëtitia Bischoff, poète et critique d’art.

Un objet en forme de livre avec couverture texturée en matériaux naturels, visionné de dessus. On peut voir des brindilles attachées, des perforations et un ruban pour fermeture.