Matérialité
La matérialité constitue un langage à part entière dans ma pratique. Chaque matière, choisie pour sa charge sensorielle et mémorielle, engage une relation directe avec le regardeur. Textiles, céramique, fibres végétales : ces éléments, par leur texture et leur capacité à conserver l’empreinte du temps, provoquent des résonances intimes, activant une mémoire enfouie, souvent non verbalisée.
Loin d’un simple choix esthétique, la matière devient un vecteur d’expérience. Son toucher, sa densité, sa porosité convoquent des sensations archaïques, des fragments de vécu qui échappent à la narration linéaire. L’œuvre, dans son ancrage tactile, opère comme une surface de projection, un espace de réminiscence où l’individu se confronte à sa propre mémoire sensorielle.
Entre présence et disparition, entre trace et effacement, ces matériaux réactivent une mémoire collective et personnelle, faisant de l’expérience esthétique un processus de reconnexion au sensible.